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On parle régulièrement d’« émotions toxiques », mais de quoi s’agit-il exactement ?
Colère, culpabilité, honte, angoisse, peur, mépris de soi, regrets, amertume et ressentiment : ces sentiments sont tout sauf positifs pour notre vie ou notre bien-être mental. Ce sont toutes des émotions toxiques, non seulement pour nous-même, mais aussi pour tous ceux qui nous entourent, dans notre vie personnelle comme dans notre vie professionnelle. Si l’on ne fait rien pour lutter contre elles, les émotions toxiques peuvent avoir un impact sur notre santé mentale et physique. Heureusement, il existe de nombreux moyens de gérer ces émotions et d’aligner nos pensées sur des modèles positifs.
Pour vous protéger et protéger vos proches contre les conséquences d’une trop forte négativité, commencez par comprendre la manière dont vos émotions influencent le monde et dont le monde influence vos émotions. C’est une relation bilatérale, ou plutôt, un réseau de connexions. Pas étonnant que l’on dise qu’il est plus facile d’être contaminé par une émotion que par un rhume.
Pourquoi ressentons-nous si souvent des émotions toxiques ?
Des recherches menées sur plusieurs comportements et émotions, bons et mauvais, ont révélé qu’ils pouvaient être contagieux. Par exemple, une étude sur l’influence de la négativité sur la chimie interne d’un individu a révélé que le partage d’impressions négatives sur une tierce personne constituait un vecteur de rapprochement particulièrement efficace entre les gens. En d’autres termes, des sentiments hostiles envers une même personne incitent à tisser un lien affectif.1 On peut néanmoins douter que ce lien initial puisse constituer le fondement sain d’une amitié durable. Il s’agit probablement là d’un vestige d’une époque primitive où la survie dépendait notamment de l’établissement d’alliances entre petits groupes d’êtres humains et de la désignation des groupes extérieurs à ces alliances comme étant des « ennemis ».
Aujourd’hui, ce modèle est devenu dysfonctionnel, au risque d’avoir l’effet « anti-survie » inverse. En d’autres termes, ce qui contribuait à notre survie est devenu une force qui attire les personnes négatives et les mauvaises influences dans nos vies. Cette conclusion s’ajoute à des recherches indépendantes ayant démontré qu’une seule expérience négative pouvait doubler notre risque d’être malheureux.2
Comment gérer les émotions toxiques ?
Heureusement, la joie et les actes bienveillants sont aussi contagieux. De la même manière que vous pouvez apprendre à gérer les émotions toxiques, vous pouvez également apprendre à ressentir davantage d’émotions positives. Les effets d’un acte bienveillant peuvent résonner à travers des liens sociaux complexes, jusqu’à atteindre des personnes que vous ne rencontrerez peut-être jamais.3 Mieux encore, sachez que pour chaque personne « heureuse » qui vous entoure, vos chances d’être vous-même heureux augmentent de près de 10 %.4 Nous avons tendance à attirer dans nos vies les pensées et émotions sur lesquelles nous nous concentrons. En outre, un instinct primitif qui nous pousse à imiter les expressions, le langage corporel et la manière de parler de ceux qui nous entourent nous rend encore plus susceptibles d’être « contaminés » par les émotions de ceux avec qui nous passons le plus de temps.5
Il ne fait aucun doute que nos émotions affectent ceux qui nous entourent et que ceux qui nous entourent affectent nos émotions.6 Il en résulte naturellement que si vous vous entourez de personnes qui ressassent des expériences négatives et des émotions toxiques, vous ne tarderez pas à vous aligner sur les mêmes pensées et expériences.
À l’inverse, si vous passez votre temps avec des gens qui se concentrent sur la joie, la gratitude, le bonheur et d’autres émotions positives, vous remarquerez que vos propres pensées et émotions s’aligneront sur des choses, personnes, expériences, idées et concepts positifs.
Ce principe est plus facile à appliquer chez nous, puisque c’est là que nous avons le plus de contrôle sur nos vies. Nous choisissons qui peut entrer chez nous, quelle musique nous écoutons et quelle chaîne nous regardons à la télévision. Ces facteurs environnementaux peuvent paraître anodins, mais ils peuvent avoir un impact fondamental sur notre état émotionnel.
Après une journée stressante, rentrez chez vous, dans votre refuge personnel, et passez du temps avec des proches à l’esprit positif, écoutez de la musique entraînante, regardez un programme enjoué, lisez un livre de développement personnel ou adonnez-vous à toute autre activité relaxante. Ainsi, vous réalignerez vos pensées sur des fréquences positives et réduirez le risque de vous laisser envahir par des émotions toxiques.
Comment gérer les émotions toxiques au travail ?
Au bureau, vous aurez besoin d’un peu plus d’entraînement pour éviter de vous laisser contaminer par des émotions toxiques. En effet, il n’est pas toujours possible de choisir les gens qui nous entourent dans cet environnement. Qu’il s’agisse d’un supérieur qui crie sur ses subordonnés ou d’un collègue qui se livre à des commérages sur les membres de l’équipe, il n’est pas toujours possible d’éviter la négativité sur le lieu de travail.
Face à une profusion d’émotions toxiques, renforcez vos pensées positives en cherchant des collègues désireux de conserver un regard positif et une attitude enjouée au bureau. C’est encore la meilleure attitude à adopter pour ne pas vous laisser contaminer par la négativité ambiante. En investissant du temps et de l’énergie dans ce type de relations, vos bonnes actions et votre positivité se propageront au bureau et viendront contrebalancer la négativité. Vous ressentirez l’effet boule de neige d’une telle stratégie à mesure qu’un nombre croissant de collègues refuseront de ressasser des pensées toxiques et tireront les bienfaits d’une attitude positive. Le stress au bureau s’en trouvera réduit et les émotions positives s’en trouveront multipliées, entraînant une coopération plus fructueuse, une réduction des conflits et une amélioration des performances au travail.7
Au bureau, chez vous, dans un bar entre amis ou au restaurant avec de nouvelles connaissances, souvenez-vous toujours que vous n’avez pas besoin de réagir à toutes les influences négatives que vous rencontrez.
Les personnes négatives aiment entraîner les autres dans leur négativité. Lorsque vous songez aux émotions toxiques, vous avez probablement une conversation qui vous revient en tête, au cours de laquelle on vous encourageait à vous plaindre d’une autre personne ou d’une situation. La prochaine fois que cela vous arrive, souvenez-vous que vous n’êtes pas obligé de réagir. Vous n’êtes pas obligé d’acquiescer et de laisser les émotions négatives s’installer. Vous n’êtes pas non plus obligé d’affronter la personne, ce qui risquerait de déclencher une dispute.
Que faire si vous ne pouvez pas éviter une personne ou un environnement toxique ?
Si vous n’avez d’autre choix que de côtoyer des personnes dégageant des émotions toxiques, la meilleure solution est simplement de ne pas laisser les commentaires négatifs vous influencer. Prenez un instant pour examiner vos propres pensées et ne perdez pas de vue votre désir de vous concentrer sur des pensées et expériences positives.
Lorsque c’est possible, éloignez-vous promptement mais poliment de la situation. Au bureau, il vous suffit de dire que vous avez un travail à finir rapidement. Lors d’une soirée, vous pouvez prétexter que vous allez chercher un verre.
À l’instar des germes, les émotions sont contagieuses. Et si vous n’y prenez pas garde, vous risquez de vous laisser contaminer par des émotions toxiques sans même vous en rendre compte. Le meilleur moyen de renforcer votre immunité contre les émotions toxiques, c’est de vous entourer de gens qui alignent consciemment leurs pensées sur des fréquences positives.
- Bosson, Jennifer K., Amber B. Johnson, Kate Niederhoffer et William B. Swann. “Interpersonal Chemistry through Negativity: Bonding by Sharing Negative Attitudes about Others.” Personal Relationships 13, no. 2 (2006) : 135–50. https://doi.org/10.1111/j.1475-6811.2006.00109.x [↩]
- Hill, Alison L. et al. “Emotions as Infectious Diseases in a Large Social Network: The SISa Model.” Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 277.1701 (2010): 3827–3835. PMC. Web. 3 May 2017 [↩]
- James H. Fowler et Nicholas A. Christakis. “Cooperative behavior cascades in human social networks.” PNAS 2010 107 (12) 5334-5338; published ahead of print March 8, 2010, doi:10.1073/pnas.0913149107 [↩]
- Christakis, Nicholas A et James Fowler. “SOCIAL NETWORKS AND HAPPINESS.” SOCIAL NETWORKS AND HAPPINESS | Edge.org, n.d. https://www.edge.org/conversation/social-networks-and-happiness [↩]
- Colino, Stacey. “Are You Catching Other People’s Emotions?” U.S. News & World Report, n.d. https://health.usnews.com/health-news/health-wellness/articles/2016-01-20/are-you-catching-other-peoples-emotions [↩]
- Larson, Reed W. et David M. Almeida. “Emotional Transmission in the Daily Lives of Families: A New Paradigm for Studying Family Process.” Journal of Marriage and the Family 61, no. 1 (1999): 5. https://doi.org/10.2307/353879 [↩]
- Barsade, Sigal G. “The Ripple Effect: Emotional Contagion and Its Influence on Group Behavior.” Administrative Science Quarterly 47, no. 4 (2002): 644. https://doi.org/10.2307/3094912 [↩]